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diva

Liz Bless The Swing

Les concerts de la diva, à l’Espace Cardin en décembre 2011, ont été exceptionnels, enrubannés de cuivre et d’amour. A cette occasion, sa maison de production a concocté un imposant coffret regroupant son œuvre complète. Un single promotionnel a également été diffusé, nous offrant trois interprétations d’un titre dont on croyait avoir fait le tour.

Et pourtant Liz McComb sait toute la puissance des mots et la vertu des musiques hors du temps. En nous proposant plusieurs versions de «Joshua Fit The Battle Of Jericho», elle rend brillamment hommage aux luttes passées, présentes et à venir. Que ce soit sur un tempo débridé, dans un swing plus mainstream ou dans une version ourlée de cordes, l’enjeu de la bataille reste le même, le combat est intact.

Liz McComb sait qu’elle pourrait nous l’offrir dans le dépouillement fiévreux de son piano; nous l’enrubanner de polyphonies éclatantes avec le soutien d’une chorale a capella ; nous le livrer en force dans le fracas martelé d’une rythmique hypnotique. Peu importe la façon, pourvu qu’on ait l’ivresse de l’esprit et la permanence des convictions.

Liz McComb sait tout le poids de l’histoire et tout ce qu’elle doit à ses sœurs et frères de son. Ils ont été nombreux à chanter « Joshua Fit The Battle of Jericho».
Parmi les negro spirituals, ce texte est assurément l’un des plus puissants et son évocation suffit à réveiller la même exaltation. La chute des murs de la cité de Jéricho est le symbole même de l’effondrement tant souhaité de l’esclavage. « Josué livra la bataille de Jéricho / Et les murailles s’écroulèrent ». La Terre promise est à portée de main et le soutien de Dieu peut ouvrir enfin les portes de Canaan. Mais cette victoire est d’autant plus éloquente qu’elle s’accomplit dans le fracas des voix et des cornes d’espérance. «Les trompettes se mirent à sonner / Josué ordonna aux enfants de crier / Et les murailles s’écroulèrent». Ainsi, il est dit que le pouvoir de la musique est infini et bouleverse l’ordre des hommes pour peu que l’on ait le courage et la foi.

Liz McComb sait tout cela. Elle le vit chaque jour et elle nous l’offre en partage avec cette humilité, cette honnêteté et cette ferveur qui caractérisent les artistes touchés par la grâce.

© Noël Balen

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Marcel retrouvé

Longtemps je me suis endormi de bonne heure en essayant de lire Marcel Proust. La jeunesse est ainsi : effervescente et ingrate. Il lui faut du mouvement, de la vitesse, des opinions péremptoires, de la provocation et des tempêtes, de la désespérance brutale et des transgressions échevelées. Pour avoir dévoré l’œuvre de Céline à pleines dents, j’avais fini par penser qu’il n’y avait qu’un seul et immense littérateur dans tout le XXe siècle. Oui, la jeunesse est ainsi : exaltée et injuste.

Il m’a fallu tomber par hasard sur un livre de Fernand Gregh, poète délicat abrité par l’Académie Française et ami de jeunesse de Proust, pour adoucir soudain mes préjugés et oublier mes somnolences passées. Ce petit livre, dense et concis, intitulé « Mon amitié avec Marcel Proust – Souvenirs et lettres inédites », publié chez Grasset en 1957, m’a donné à voir et à entendre un personnage dont je n’avais pas su percevoir l’impertinence bouillonnante. J’ai alors cherché ce qui se cachait dans la correspondance foisonnante du grand Marcel. Et j’ai vite découvert qu’il se tramait des choses à peine avouables entre ces mots de politesse, ces billets de remerciements, ces missives mondaines, ces lignes griffonnées entre deux tomes. Les opinions y sont tranchées, les provocations à peine tapies derrière des tempêtes sournoises, la désespérance se glisse sous l’élégance, la brutalité sous la courtoisie, la transgression et l’urgence sous le vernis de l’éducation et du dandysme.

Mais cette révélation tardive a un prix qu’il faut savoir payer. Depuis, je ne trouve plus le sommeil.

© Noël Balen

stéphane

Stéphane Bertrand, hors du temps

Après trois albums parfaitement maîtrisés, unanimement salués par la critique, Stéphane Bertrand nous revient enfin avec une captation publique. Tout l’intérêt d’un live, surtout quand il est organisé en studio devant quelques amis, réside dans son urgence fébrile, sa vérité brute et son émotion partagée.

​Endosser les habits de lumière d’un bass hero en convoquant une décennie de compositions déjà gravées dans le marbre, rien ne semble pouvoir résister à un leader qui n’a rien perdu de sa fougue, et encore mois de sa foi en une musique qu’il veut hors du temps.

Attaquant la corde avec puissance sans oublier de rester moelleux, fouettant les accords sans renier le caractère toujours sensuel de ses envolées, Stéphane Bertrand oscille entre la caresse et le coup de cravache, entre volupté et morsure.

Les compagnons de scène avec lesquels il a décidé de partager cette nouvelle aventure sont tous à la hauteur du projet. Et nous sommes déjà impatients de croiser leur route. Il y a ainsi des artistes que l’on suit et qui nous poursuivent.

© Noël Balen

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